Exposition Histoires de Murs aux Réservoirs,  Limay 2019

BPM Radio
: Jacques Jaudeau et Michel Daumergue tentent de vous faire découvrir l’invisible beauté de l’ordinaire ainsi que le pouvoir unique d'un support tel que le mur, véritable témoin du quotidien.
Muriel Baumgartner artiste plasticienne et enseignante à l’Ecole d’art municipale de Limay nous en dit plus :
"Jacques Jaudeau et Michel Daumergue ont une certaine habitude de travailler ensemble, d’exposer parfois ensemble. C’est parti d’un travail qu’ils ont fait en commun, pas forcément en même temps, mais ils ont eu l’occasion tous les deux d’aller à Mantes la Ville sur le lieu du Graff Park, superbe lieu où il se passe pas mal de choses plastiquement, puisque il y a des graffs, de beaux graffs à aller voir et puis toute une histoire de murs justement où les graffs se superposent, s’effacent, se refont. Un certain nombre de photos sont sorties de ce lieu de la part de ces deux photographes et donc l’expo démarre à partir de ça, à partir de ce thème. Sur une photo on peut voir le mot tagué "Toy". "Toy" qui signifie dans le langage côdé du graffeur "je recouvre ton tag qui est de la m..... ! Je le recouvre en écrivant le mot Toy", c’est un petit peu une guerre de territoire en fin de compte. Je m’approprie ce mur, je recouvre ton graff avec le mot "Toy". Donc, c’est barrer en quelque sorte les choses et les refaire. Du coup est né le thème "Toyages" dont découlent les trois autres thèmes de l’expo avec "Témoignages", "Mirages" et "Recadrages". Voilà. Donc dans cette expo il est question d'Histoires de murs autour de ces quatre thèmes là".

BPM Radio : Parmi ces thèmes Recadrage présente des murs entre déchirures et collages.
MB : "Toyages est présenté dans la même salle avec Recadrages, où on peut voir un certain nombre de photos en couleurs sur des fragments de mur avec des affiches qui ont été déchirées. Qu’est-ce qu’il reste de ces arrachages d'affiches, qu’est-ce qu’on y voit, est-ce qu’on peut y voir quelque chose de plastique malgré tout. Effectivement le regard de ces deux photographes nous montre que l’on peut plastiquement montrer les choses différemment même si on se balade dans le métro et qu'on voit des affiches déchirées. Leur regard est différent : chez Michel Daumergue on tourne autour du portrait avec des déchirures alors que chez Jacques Jaudeau on est plus sur une histoire de collage abstrait. On connaît tous les procédés du collage que l’on fait en classe au collège, au lycée et même plus tard, dans la vie de certains artistes qui travaillent le collage. Là on a cet aspect de collage mais par soustraction en quelque sorte, puisque c'est le papier qui s’arrache mais on est quand même une succession d'un effet collage qui arrive, donc c’est ça qui est intéressant parce que c’est très lié aux arts plastiques".

BPM Radio : Le thème témoignage affiche ce qui reste des murs après démolition.
MB : "La section témoignage montre des photos couleur toujours, sur ce qui reste des murs après démolition en effet, un témoignage sur l’habitat dans le temps. On a tous vu ça en se promenant en ville ou dans certaines campagnes sur la démolition, la déconstruction, on a tous regardé des façades, des murs ou des pans de mur avec des sortes de patchwork de papier peint, des restes de pièces qui ne sont plus habitées évidemment, mais sur lesquelles restent encore des traces de vie. Michel Daumergue nous montre ces endroits qui ont été habités et Jacques Jaudeau lui montre plus, à travers ces témoignages, des façades de mur ou la présence humaine est encore bien visible.

BPM Radio : Enfin la section Mirage dévoile les murs de manière abstraite.
MB : "Peut-être le thème qui pour moi en tout cas résonne avec beaucoup de mystère puisqu’effectivement on ne sait pas forcément que ça a été pris sur des murs. Donc il y a toute une dimension poetique qui se met en place plus d’un point de vue architectural chez Jacques Jaudeau, alors que chez Michel Daumergue cela se situe autour du paysage. Mais tout ça comme un mirage. Il y a une grande poésie dans ces aspects là."